L'interculturel en classe de FLE
L’interculturel en classe de langue
Apprendre et enseigner une langue en faisant abstraction de la compétence culturelle est impossible. « Langue et culture sont étroitement imbriquées en un seul et même individu » [1]. La langue est un moyen de communication qui fait partie de la culture, un élément indispensable dans la construction de l’individu.
En classe de langue, les chocs culturels sont fréquents soit entre les apprenants de cultures différentes soit entre la langue/culture d’origine et la langue/culture cible. La confrontation interculturelle se rapporte à des faits bien réels qui peuvent avoir des valeurs et des effets positifs mais aussi négatifs. Cette interaction et interrelation se manifeste surtout lorsqu’un concept, un événement ou une valeur sont appréciés de manière contradictoire par deux ou plusieurs personnes ou groupes, et particulièrement lorsqu’il s’agit de l’idée de ce qui est vrai est accepté comme tel. Deux attitudes peuvent alors surgir de la perplexité engendrée par la confrontation de l’interprétation d’un événement : soit une attitude de renforcement de l’identité des sujets en présence, soit une attitude d’acceptation d’autrui par la découverte de significations communes qui permettent d’amorcer un dialogue positif, d’être sur le « pont ». En situation d’apprentissage d’une langue étrangère, il s’agit d’appréhender l’apprenant dans sa globalité : il apprend avec sa culture, son histoire et son identité personnelles.
Ancrer une pédagogie de l'interculturel dans l'enseignement/apprentissage du français langue étrangère permet de sensibiliser le public apprenant à cette nouvelle compétence. Pour le formateur, l’interculturel est la trame d'une réalité pédagogique, sociale et relationnelle. C’est une démarche inévitable en classe de langue qui permet de faire le pont entre deux ou plusieurs cultures.
Tandis que la culture exige des connaissances, l’interculturel fait appel aux valeurs morales telles que l’ouverture d’esprit, la recherche de l’objectivité, l’affectivité, la solidarité, le respect d’autrui, la tolérance, l’altérité et la bienveillance. Cette approche vise à gommer les frontières entre les différentes cultures humaines et, par là, permettre aux mentalités, à travers le monde, de se libérer des chaînes de l'individualisme et de l'ethnocentrisme. C'est ainsi qu'il est possible de s'ouvrir à "l'Autre" qui, lui, appartient à une autre culture fondée sur des caractéristiques différentes.
Au lieu de trop parler des écueils menaçant l’interculturel, comme l’ethnocentrisme, l’évolutionnisme culturel, le racisme et le nationalisme, qui sont à l’origine des hostilités entre différentes ethnies et nations, il faut miser dans la classe sur le désir et l’effort de comprendre les autres, sur l’enrichissement de la différence mutuelle et sur le refus des préjugés personnels et nationaux.
L’enseignant devient alors « un passeur culturel » [2], il lui est possible de « faire vivre la culture dans la classe ». Mais quelles pratiques pédagogiques l’enseignant peut-il mettre en place pour éviter et/ou gérer les conflits interculturels dans sa classe ? Quelles activités mettre en place en classe de FLE pour une approche communicative et interculturelle ? Quels supports choisir pour faire vivre les cultures dans la classe ?
Dans la pédagogie interculturelle, les usagers de la langue sont considérés comme des acteurs sociaux qui accomplissent des tâches, qui ne sont pas seulement langagières. On est alors dans une perspective actionnelle [3] qui constitue un dépassement de l’approche communicative. Il s’agit d’apprendre la langue dans des situations de communications authentiques [4]. En effet, le Cadre Européen commun de Référence pour les Langues (CERL) considère que les actes de parole n’ont de signification que par rapport aux actions sociales qu’ils concourent à réaliser.
Avec la méthode communicative, on mettait les apprenants dans une situation de communication définie pour développer une compétence communicative visée. Avec l’approche actionnelle, le formateur attend des apprenants qu’ils réalisent des actions, des tâches. Il me semble que la simulation, technique la plus utilisée dans l’approche communicative, est insuffisante pour former un acteur social. Pour enseigner une langue, il faut envisager toute une série d’occasions où l’acteur/apprenant puisse réaliser une action avec les autres, c’est une finalité collective. L’objectif de l’enseignement/apprentissage est de former des individus autonomes, mais aussi des citoyens créatifs, responsables, actifs et solidaires.
Christel CECCOTTO, formatrice FLE, formatrice de formateurs, CLF, février 2015.
[1] PAULET Bernard, L’insertion scolaire des enfants étrangers, mémoire de CAFIMF, Académie de Strasbourg, avril 1987, p15.
[2] ZAKHARTCHOUK Jean-Michel, L’enseignant, un passeur culturel, ESP Editeur, Paris, 1996.
[3] ROSEN Evelyne, La perspective actionnelle et l'approche par les tâches en classe de langue, Le français dans le monde, recherches et applications, 2009, n° 45, 191 p.
[4] THONHAUSER Ingo, STAUFER-ZAHNER Käthi, KRENN Wilfried, L'approche actionnelle dans la pratique, Babylonia,2010, n° 3, p. 4-55.
BIBLIOGRAPHIE sur l'INTERCULTUREL
- ABDALLAH-PRETCEILLE Martine, PORCHER Louis, Éducation et communication interculturelle, Paris, PUF, 2001, 192 p.
- ABDALLAH-PRETCEILLE Martine, THOMAS Alexander, Relations et apprentissages interculturels, Paris, Armand Colin, 2007, 178 p.
- ABDALLAH-PRETCEILLE Martine, L'éducation interculturelle, Paris, PUF Que sais- je ?, 2004, 128 p.
- ALLIANCE FRANÇAISE, Référentiel de programmes, élaboré à partir du Cadre Européen Commun, CLE International, 160 p.
- ALLOUAN BOUDJADI, La pluralité culturelle dans les manuels scolaires de FLE de l’enseignement secondaire, Synergies n°15, 2012, pp.107-120.
- BIER Bernard, VERMÈS Geneviève, ORIOL Michel, L'école et les cultures, Vei Enjeux, juin 2002, n° 129, p. 5-261.
- Jean-Pierre CUQ, Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde – Dictionnaire, Clé International.
- HOUPERT-MERLY Danièle, ABDALLAH- PRETCEILLE Martine, ASGARALLY Issa, Pour une éducation interculturelle : recherches et pratiques. Séminaire Saint- Denis de la Réunion avril 2000, Paris, L'Harmattan, 2003, 144 p., (Recherches et pratiques)
- LOUIS PORCHER, Le français langue étragère : émergence et enseignement d’une discipline, Paris, CNDP Hachette-Education, 1995, 105 p. coll. « Ressources Formation »
- ROSEN Evelyne, La perspective actionnelle et l'approche par les tâches en classe de langue, Le français dans le monde, recherches et applications, 2009, n° 45, 191 p.
- THONHAUSER Ingo, STAUFER-ZAHNER Käthi, KRENN Wilfried, L'approche actionnelle dans la pratique, Babylonia,2010, n° 3, p. 4-55.
- ZAKHARTCHOUK Jean-Michel, L’enseignant, un passeur culturel, ESP Editeur, Paris, 1996.
FICHE PÉDAGOGIQUE : PAGE SUIVANTE
Date de dernière mise à jour : 05/07/2021